Le monde des à de Van Vogt
Si l'on n'est pas accro de fiction futuriste, entreprendre la lecture de ce roman paraît-il hyper-célèbre relève de l'ascèse : une suite invraisemblable d'événements en constitue le début ennuyeux. La question « de quoi s'agit-il ? » demeure jusqu'à la page 80 (édition de poche) où l'on découvre que le personnage dont nous suivons avec ennui les aventures joue un rôle dans ...le destin du système solaire, pas moins. Jusqu'à ce point, l'auteur se fût contenté de brosser en trois pages le scénario de son roman qu'il nous eût imposé une dose d'ennui plus supportable ! L'histoire est inintéressante au possible, et les descriptions peu affriolantes (à moins que la traduction de Boris Vian ne soit en cause ?). Moi qui n'ai volontairement lu ni Proust ni Stendhal ni combien d'autres, par quoi donc suis-je poussé à lire ce roman emmerdant ? Je cherche, je crois, à comprendre via un roman ce que je ne fais qu'entr'apercevoir à la lecture de l'auteur plus académique qu'est Alfred Korzybski. Histoire de rompre avec les « romans aristotéliciens, ceux où le héros gagne à tous les coups » comme l'énonce un autre personnage de ce livre. M'ennuyer ne m'ennuie pas vraiment si je n'ai pas, en fin de compte, l'impression d'avoir été berné... Vigilant, je poursuis. Ah ! Voici que le héros, mort sur Terre, parvient tout de même sur Vénus où il se voit pourchassé. Fort heureusement, et pour les besoins du roman, le passeur lui a mis en poche une boussole bien de chez nous... En fait, ça me rappelle les contes pour enfants : des événements magiques se produisent, des portes s'ouvrent et se ferment, des personnages se transforment en leur contraire ou se volatilisent... J'ignorais jusqu'ici que les contes ne fussent pas autre chose que de la science-fiction ! Mais ils ne se gargarisent pas de formules comme « la carte n'est pas le territoire » ou « votre certitude de ne rien savoir est une abstraction de la réalité, et non la réalité elle-même », eux ! Et pourtant, leur vertu est de permettre aux enfants de se poser crûment cette même question « c'est quoi la réalité ? ». Je m'étais promis d'atteindre au moins la page 150. J'en ai été incapable : je ne suis jamais parvenu à me demander « Que va-t-il arriver ? » et, même rendu à la page 130, la question « Qui est réellement le personnage central ? » (question centrale du roman, paraît-il) n'avait pas encore réussi à éveiller mon intérêt... Il ne sait pas qui il est, eh bien, de quel droit vient-il nous emmerder avec SA question ? Moi non plus, je ne sais pas qui je suis ! Et le miroir qui m'est proposé qu'est-il donc, si ce n'est un miroir pour aveugles ? |